Sombre lame sinistre...

Le brouhaha des voix, les rires gras et déments des ivrognes, les gestes des joueurs déposant leur mise, la taverne du quartier du marché d'Ivory Ward était comme à son habitude joyeuse et agitée, c'était la zizanie de tout les côtés. Seul une silhouette paraissait immobile, celle d'une femme à la chevelure rougeoyante qui se trouvait assise devant le comptoir. Il s'agissait de Katarina Du Couteau, la noxienne était affalée sur le zinc, incapable de se tenir droite sur son tabouret. Elle effleurait du bout de son majeur le contour du verre, ses yeux émeraudes étaient sans vie, le regard vide. La noxienne attrapa son verre pour y prendre une gorgée avec lassitude, laissant tomber son bras pour reposer le contenant. On pouvait comprendre que la lame sinistre était enlevée de tout espoir, de toute force, et venait se réfugier dans l'alcool. La disparition de son père, le lourd poids de sa relation cachée avec le général de Demacia, la jeune femme supportait peut tout ces tracas.

*Le mauvais sort s'acharne sur moi en continue*

Ses paupières lui devenaient lourdes, elle ferma les yeux, les ré-ouvra pesamment et continua son verre.

*Père... Pourquoi toi? Noxus n'est plus ce que c’était sans toi... Moi non plus...*

La famille Du Couteau a perdue toute sa stabilité et sa grandeur depuis la disparition du général noxien, et les deux filles de celui ci également. Katarina et Cassiopeia n'y ont gagner que désespoir et colère, surtout Katarina qui était très attaché à son père et s'était entraîné toute son enfance que pour lui, dans le but de le servir avec force et dignité. La foi de Katarina envers Noxus avait progressivement atténuer depuis que Jericho Swain a obtenu le pouvoir sur la cité-état, car la jeune femme connaissait la noirceur de cet homme, et surtout elle était certaine qu'il était responsable de la disparition de son père. Émotive et attachée, la noxienne avait le besoin de se reposé sur quelqu'un, son père n'étant plus là, n'ayant aucune confiance en sa sœur cadette, il ne lui restait que Talon. Elle avait grandement confiance en son frère adoptif, mais étrangement, la présence de Garen lui manquait déjà, et affreusement. Mais il était loin, en plus d'être un ennemi de son royaume, elle ne savait quand elle le reverrait et si elle pourrait se réfugier à nouveau dans les bras chaleureux du général.

*Pourquoi suis-je tomber amoureuse d'un démacien? Je suis pas dans la merde maintenant!*

Katarina termina aussi vite qu'elle le pu son verre, les yeux fermé fortement comme si elle se forçait, n'ayant la capacité de le reposé correctement, le verre était tombé, les quelques goutes restantes dégoulinant sur le comptoir. Elle laissa sa tête lourde se poser sur ses avants bras, les yeux entrouverts, elle sombrait.

La lame sinistre était perdue dans ses pensées, de nombreuses phrases et questions circulaient à vitesse lumière dans son esprit. Mais celles qui revenaient le plus souvent dans un ordre bien précis, concernait la force de Demacia.

*Je meurs pour reprendre mon souffle... Oh pourquoi n'apprends-je jamais ? J'ai perdu toute ma confiance... Même si j'ai sûrement essayer de changer cet état de fait... Peux tu toujours voir mon cœur ? Toute ma douleur s’éteint peu à peu lorsque tu me tiens dans ton étreinte... Donne moi quelque chose en quoi je peut croire ! Fait de mon cœur un endroit meilleur !*

Alors qu'elle était en pleine réflexion sur sa nouvelle raison de vivre. Elle sentit la main de quelqu'un se poser sur son bras. Contrairement à ses habitudes et instincts de combattante, elle ne chercha pas à riposter. Et lorsqu'elle entendit la voix familière qu'était celle de Talon, elle ne regretta pas de ne pas s’être défendue.

"Talon..."

Son frère lui demanda alors si sa dernière mission s'était mal passée, il avait sans aucun doute repéré sa dépression. Ne voulant lui mentir, mais ne pouvant dire la vérité à la fois, elle lui dit ce qui la tourmentait le moins.

"Nous avons perdu notre bataille contre ces crétins de demaciens !"

Des larmes perlaient le long des joues de la noxienne, elle avait l'air plus mort que vif. Il était dure de croire pour ceux qui la connaissait qu'une simple défaite militaire pouvait la rendre dans un tel état. Il y avait forcément quelque chose d'autre qui la tourmentait fortement pour la forcer à devenir ivre dans une taverne remplit de moins que riens, et lui faire perdre autant de persévérance qu'elle avait d'habitude à revendre ! Mais seulement, elle pouvait pas en parler, encore moins dans ce genre d'endroit, au risque que la nouvelle se répande partout en Noxus.

"Je ne vaut rien Talon... Jamais j'arriverais ne serait-ce qu'à la cheville de notre père..."

Des souvenirs de jeunesse en compagnie de son père et de Talon en plein entraînement surgissent soudainement dans les pensées de la lame sinistre. La bonne époque où la vie était plus belle que tout, où seul ôter le souffle et le pouls des autres était son objectif, sa seule raison d'être. Seulement les choses ont bien changer, son père a disparu, elle était seule pour gérer le manoir et la famille, et de plus ce qui la rendait bien plus déprimée était le fait qu'elle ressentait une puissante affection pour un ennemi. Comment supporté un tel sentiment quand on est l'exemple même du patriotisme à la noxienne ?

Malgré les paroles rassurantes de Talon, la lame sinistre n'était pas pour autant rétablie. A vrai dire elle était déjà au courant de tout cela, mise à part le fait qu'elle était la plus grande fierté de Noxus, ça elle n'y croyais pas un mot. Ses larmes continuaient de couler. Et lorsque la lame des ténèbres lui rappela qu'elle pouvait tout lui dire, Katarina cessa progressivement ses pleurs. Il est vrai qu'elle pouvait tout lui dire, se confier totalement à son frère de cœur, seulement le lieu n'était pas du tout approprié. Il était hors de question que qui que ce soit de cette citée qu'est Noxus, soit au courant de sa relation cachée avec Garen.

Elle se redressa lentement, titubant légèrement, et répondit à Talon :

"D'accord... Mais uniquement lorsque je serais au manoir."

Elle se lève de son tabouret, avec une cadence faible et titubante sous l'effet de l'alcool. Elle déposa cinq pièces d'or sur le comptoir, avant de se tourner vers son frère pour lui demander de l'emmener au manoir.

"Je crois bien que j'aurais besoin de ton aide pour rentrer à la maison. Tu veut bien m'aider s'il te plait ?"